Créez des jeux vidéo ! Ça ne sert à rien mais ça fait du bien

Depuis bientôt 2 ans, je baigne un peu dans le milieu du jeu vidéo (JV) indépendant et c’est assez sympa. Dans les faits, je participe surtout à des game jams (j’en ai maintenant 3 au compteur) et plusieurs de mes amis viennent de démarrer leur activité d’intermittent du jeu vidéo, comme Noliv chez “les Bubars” et Mr Helmut, chez “Flying Oak Games”.
Pour ce qui est des game jams, je vous invite à jeter un oeil à nos précédents compte-rendus, et . Je fais aussi partie de l’asso qui les organise, habilement nommée COIN pour Comité d’Organisation des Interactivités Numériques. Le COIN est un repère de codeurs et de (graphic|sound|game)-designers dont le but dans la vie est de produire du beau et du fun pour égayer un peu vos journées.
Mais revenons à nos moutons électriques. Globalement j’essaie d’expérimenter le plus possible en faisant des petits protos dans mon coin, la plupart ne verront certainement jamais le jour en tant que produits finis, mais ils me permettent de progresser dans la découverte de cet univers.

Comment fait-on pour en arriver à développer des jeux vidéo ?

Je pourrais vous parler de la sous-culture des jeux vidéo, de son impact sur les 30 dernières années sur le grand public. Je pourrais aussi disserter sur l’essor des plateformes mobiles depuis quelques années et notamment des stores qui permettent aux développeurs de jeux vidéo indépendants de se faire connaître et même parfois de vivre de leur art.
Je vais plutôt vous détailler la petite histoire de ces indépendants dont je suis proche (plusieurs d’entre eux ont fait partie de mon équipe lors d’une Game Jam) :

  • Il y a quelques années j’avais un nouveau collègue passionné de jeux vidéo, MrHelmut, le genre de passionné incollable tant au niveau des jeux eux-mêmes que de leur conception. Vous savez, le petit gars qui code un émulateur GameBoy juste pour sa culture personelle et pour le défi intellectuel. Eh bien ce monsieur s’est mis en tête il y a deux ans d’organiser une Global Game Jam près de chez nous afin de rencontrer la communauté des créateurs de JV locale et de stimuler leur créativité. Cette première Game Jam a été un déclic pour beaucoup de monde. En 48h on peut avoir un proto de jeu indie potable ! Tout ceci ayant plu à pas mal de monde, on s’est dit qu’il fallait une asso pour organiser tout cela proprement, c’est ainsi qu’est née l’asso COIN. On a depuis organisé plusieurs événement, notamment la GGJ’13 et la Barbecue Game Jam en août 2013. Depuis la première Global Game Jam dans l’Est de la France, notre ami Helmut s’est jeté à l’eau, il a lui aussi monté son studio de JV, Flying Oak, le studio qui envoie du bois.
  • En parallèle, une personne de grande taille, surnommée Noliv, avait décidé de changer de vie : finies les tâches chiantes et répétitives, finis les environnements de boulot kafkaïens, finie la réunionite aïgue, finie la pression pour des objectifs qui ne lui parlent pas. Il laisse tout cela de côté et se dit qu’il doit prendre son temps pour partir sur de nouvelles bases. Tout d’abord il voulait réaliser des applications sérieuses sur iOS, sa plateforme préférée, histoire de produire des logiciels utiles et bien ficelés. Puis vint la galette des rois (on parle souvent d’épiphanie dans le jargon de la créativité) lorsqu’il découvrît lors d’une Game Jam que la création de jeux vidéo était à sa portée et bien plus motivante que de reproduire d’anciens schémas en tant qu’indépendant. Il a alors créé “les Bubars” et c’est bien connu, chez les Bubars on n’a pas de rasoir mais on a des idées. Pour Mathieu, ça a été un scénario quasi identique, après plusieurs années dans des SSII au Luxembourg, il plaque tout pour s’inscrire dans une école de game design à Lyon.
  • AllYouNeedIsGNU est un brillant développeur Web que je connais depuis plusieurs années. Un de ses loisirs actuels est de créer des jeux en 3d avec des technos Web comme WebGL. Le résultat est carrément Impressionnant. 
  • Nico Parco est un musicien touche à tout super calé et chef de projet informatique dans la vraie vie. Pour vous dire comme il est calé, il a récemment signé la BO d’un film !
  • Alchymi, le sage, graphiste reconverti dans le JV, vit de son art depuis des années chez Studio3WG. Il sait ce qui marche et ce qui ne marche pas, d’instinct. C’est aussi un gars super productif, capable de sortir un nouveau jeu toutes les 10 minutes.
  • Les petits gars de chez CodeAndGame font un super boulot de vulgarisation auprès des ados en leur proposant de découvrir la création de JV à travers des ateliers pratiques. 
  • Game Side Story, le site de news sur les JV indépendants qui fait la couverture de toutes nos Game Jams et nous aide aussi à peaufiner nos concepts. Leurs articles sont vraiment intéressants et pour ceux qui s’intéressent à ce domaine, ça permet d’avoir un bon aperçu de ce qui se fait ailleurs.

J’espère que je n’ai oublié personne ! Globalement on peut dire que tout est histoire de contexte et d’expérience : le contexte avec des gens qui s’intéressent à un domaine comme la conception de JV et l’expérience des Game Jams, pendant lesquelles on perçoit directement le potentiel mais aussi toutes les difficultés de ce métier.

Quelles compétences faut-il pour créer des jeux vidéo?

Tout dépend du profil que l’on veut adopter. D’après mon expérience limitée aux Games Jams, dans une équipe de création de JV on retrouve de base :

  • des game designers, qui vont définir les règles du jeu et donc ce qui va être amusant et potentiellement addictif
  • des graphistes, qui vont gérer la couche graphique (sprites, décors, menus, etc.)
  • des sound designers, qui vont créer les effets sonores et la bande son
  • des développeurs, qui codent le jeu et intègrent les contributions des autres profils.


Bien entendu dans des équipes de moins de 4 personnes, certaines personnes sont amenées à gérer plusieurs profils de compétences (on rencontre beaucoup de bricoleurs et de touche à tout pendant les game jams). Il est par exemple assez difficile de trouver des musiciens qui sont intéressés par la création de JV et qui ont le niveau nécessaire pour composer une musique accompagnant un jeu (on a eu de la chance pendant nos game jams, on en a eu à chaque fois mais on était quasi la seule équipe)
Quand on travaille dans la conception d’interfaces ou dans le Web, on est habitués aux équipes pluridisciplinaires. Il est donc assez facile de retrouver ses marques et de collaborer avec les graphistes et sound designers. Pour les développeurs, mieux vaut maîtriser une techno et être un peu ouvert (sur iOS, j’ai par exemple testé Cocos2D et je me mets tout doucement à SpriteKit)
De ce que j’en sais, chez “Flying Oak”, ils sont deux, un développeur et un graphiste et ils externalisent la partie son. Chez “les Bubars”, la configuration est un peu différente, sachant que Noliv fait tout tout seul.

Les premiers jeux

Tout ceci est une bien belle histoire mais si vous suivez, vous avez remarqué que ce dont je vous parle a démarré il y a quelques temps maintenant et vous n’avez toujours rien vu.
J’ai pour ma part releasé il y a quasi un an le jeu issu de notre première Game Jam, Jump’n’Puke. Celui de la seconde Global Game Jam de l’Est est toujours dans les cartons, ♥, Drugs & Rock’n’Roll, en attente de finalisation du mode multijoueur (on avait prototypé un mode multi en passant par un composant serveur, dont on aimerait se passer pour une release). Généralement dans mon équipe, on release tous les jeux issus de Game Jams gratuitement car c’est bien plus simple pour les amateurs que nous sommes.
Je sais que MrHelmut a démarré un projet secret en début d’année, que j’ai eu la chance de pouvoir tester la semaine dernière. Vous aurez certainement plus d’infos chez lui.
Chez Noliv, il y a un projet qui vient d’être validé sur l’App Store : “Tarot, le défi”, un jeu de tarot sur iOS.


On peut penser que réaliser ce type de jeu peut manquer un peu d’ambition mais il n’en est rien. À la manière de certains designers, il s’est dit que cela pourrait être un challenge intéressant de faire un jeu de cartes qui soit joli, plaisant à utiliser, bien fini et qu’il donne même envie de jouer au tarot aux personnes qui n’aiment pas ce jeu. Loin de moi l’idée de dénigrer les autres jeux de tarot sur iOS, ils ont souvent de nombreuses fonctionnalités et une bonne IA, mais graphiquement cela reste toujours très basique.
D’autre part, cela lui a permis de découvrir tout un tas de facettes du développement de jeu comme les communications synchrones et asynchrones, l’IA, les animations, l’intégration avec Game Center, le test d’applications, etc. J’espère que cette première release commerciale rencontrera son public et lui permettra de continuer à créer des jeux originaux !

Et la suite ?

Pour ma part, je suis toujours impliqué dans l’asso COIN et on vous prépare plein de bonnes choses. On va essayer de fédérer un maximum d’indépendants du JV dans la grande région. On commence déjà par une prochaine Global Game Jam à la fin de ce mois, qui devrait être notre plus belle édition avec une nouvelle salle et un nombre toujours croissant de participants. On veut essayer de développer nos séminaires, nous permettant de faire connaître cette activité au grand public. Dans ces séminaires nous inviterons des professionnels du JV qui viendront présenter une facette de leur activité. Tout cela promet donc pas mal de bonnes choses pour 2014 dans la région !

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